Longue-Rive : un village dans le vent
Pour redynamiser un village de la Côte-Nord, des citoyens et des élus ont décidé de miser sur le vent… mais sans pelleter de nuages. Cinq ans après son lancement, le Festivent attire maintenant plus de 5000 personnes à Longue-Rive, où les cerfs-volants sont désormais un gage de fierté.
En 2007, l’usine de sciage de Kruger de Longue-Rive, qui employait plus de 250 personnes, a fermé ses portes. « C’était le principal employeur du village, et depuis, on a perdu 350 résidants », raconte Yves Laurencelle, entrepreneur et conseiller municipal de cette municipalité de 1140 âmes. Le taux de chômage a alors grimpé à 27 %, et les perspectives de relance semblaient presque nulles.
En voyant des amateurs de kitesurf et de kitebuggy s’amuser sur la plage de Longue-Rive, l’idée de lancer un festival de cerfs-volants a germé. « On cherchait un moyen d’impliquer la population et de faire connaître la région », dit Yves Laurencelle. Sans trop connaître le cerf-volant de traction, celui-ci a convaincu les élus et la population de créer le Festivent, pour apporter un souffle nouveau au village et un sentiment de fierté à ses habitants.
En août 2011, dès la première édition, plus de 2500 personnes se sont présentées, dont 400 cerfs-volistes. Depuis, l’achalandage ne cesse de grimper, et l’an dernier, plus de 5200 personnes ont participé à l’une des trois journées d’activités du Festivent, dont bon nombre de kitesurfers, ainsi que des adeptes de kitebuggy, de paramoteur et de cerf-volant artistique.
Peu après avoir lancé l’événement, Yves Laurencelle s’est lui-même mis à pratiquer le kitebuggy, un bolide à trois roues (un peu comme un tricycle Big Wheel) tracté par le vent. « C’est à la fois relaxant et très sportif, une belle façon d’exploiter les forces de la nature et d’être en totale liberté. »
Assis sur ces tricycles aux pneus en forme de beigne, les adeptes du kitebuggy contrôlent la direction de leur véhicule avec leurs pieds. À marée basse, la surface dont ils disposent pour rouler s’étend sur 8 km, ce qui leur permet d’atteindre des vitesses de pointe dépassant parfois les 80 km/h.
« C’est comme conduire un go-kart très rapide, mais en entendant seulement les cordes siller dans le vent : c’est vraiment enivrant! » lance Jules Martel, tout sourire. L’homme de 70 ans fait partie du club de cerfs-volistes Air-Lib, l’un des plus gros en Amérique du Nord, avec plus de 200 membres actifs.
Étant donné que le kitebuggy se pratique sur la terre ferme, il demeure accessible à un plus grand nombre d’amateurs. « Nous sommes désormais huit adeptes âgés de plus de 70 ans dans ce club, dit Jules Simard, qui a commencé à jouer dans le vent à l’âge de 56 ans. C’est un sport un peu extrême, mais qui peut aussi être doux, car personne n’est obligé de faire de la grosse vitesse. Disons que désormais, on fait plus de promenades qu’autre chose! »
Située dans le couloir du Saint-Laurent, la municipalité de Longue-Rive est aménagée sur un territoire dont la morphologie favorise les bons vents, explique Benoît Tremblay, adepte de kite depuis près de 25 ans. Résultat : les vents soufflent à 20 km/h et plus près de 80 % du temps! De plus, le site est sécuritaire et adéquat pour les débutants, qui peuvent pratiquer le kitesurf dans moins d’un mètre d’eau, ce qui permet de toucher au sol lorsque le besoin se fait sentir.
Longue-Rive croit tellement au cerf-volant qu’elle a aménagé un camping gratuit — avec eau courante, douches et salle de bains — réservé exclusivement aux membres d’Air-Lib. « On veut se positionner comme l’endroit de prédilection pour faire du kite et du paramoteur au Québec », conclut Yves Laurencelle.
Voler sur l’eau
Le kitefoil est la tendance de l’heure, dans le monde du kitesurf. « En ajoutant un aileron de près d’un mètre sous la planche, on a l’impression de voler au-dessus de l’eau », explique Benoît Tremblay, propriétaire de l’entreprise de conception de cerfs-volants Concept Air. Avec cet ajout, le planchiste est surélevé à près de 50 cm au-dessus de l’eau, ce qui réduit la friction et permet de pratiquer le sport lorsque le vent souffle aussi peu qu’à 10 km/h (il faut près de 20 km/h de vent pour faire du kitesurf).
Il faut toutefois mettre le prix pour acquérir cette Formule 1 du cerf-volant, qui coûte entre 2000 et 3500 $. Difficile à contrôler lors des premières sorties, le kitefoil est rapidement devenu une drogue pour Benoît Tremblay, qui lancera cet été une gamme de voiles spécialisées pour ce type de planche.
Quelques événements dans le vent cet été
Festival international de cerfs-volants Saint-Honoré dans le vent : 17 au 19 juin 2016
sthonoredanslvent.com
Festivent de Longue-Rive : du 26 au 28 août 2016
festiventlonguerive.com
Festiciel de Saint-Fulgence : du 2 au 5 septembre 2016
zoneturbulence.com/en/festiciel-de-saint-fulgence/programmation-festiciel.html
Kitefest de la péninsule Manicouagan (Baie-Comeau) : du 5 au 7 août 2016
peninsulemanicouagan.qc.ca/evenements/kite-fest-de-la-peninsule.html