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Ces Québécois qui s’amourachent du Yukon

Plus francophile qu’on le croit, et surtout plus grand que nature, le Yukon sait retenir le cœur de nombreux aventuriers et pleinairistes, dont bon nombre de Québécois. En voici trois, rencontrés sur place par notre collaborateur – lui aussi tombé sous le charme!

Hormis quelques agglomérations et exploitations minières et forestières, le Yukon forme un territoire sauvage de près d’un demi-million de kilomètres carrés, soit environ le tiers de la superficie du Québec. Quand on sait que seulement 37 000 personnes y ont fait leur nid, il n’est pas difficile de s’imaginer à quel point la nature y règne toujours en reine et maîtresse. Ses vastes espaces vierges et sa faune omniprésente ont tout pour séduire les pleinairistes en quête d’isolement et d’aventure hors des sentiers battus.

Le Yukon, c’est aussi une histoire humaine des plus rocambolesques – celle de la Ruée vers l’or –, dont on voit et ressent toujours les vestiges aujourd’hui. C’est aussi le mont Logan, plus haute montagne au pays et  plus « grosse » au monde pour sa circonférence; ce sont des journées d’été « deux-en-une », avec le soleil de minuit; enfin c’est un territoire d’une très grande francophilie. La communauté franco-yukonnaise est en effet remarquablement vivante, riche, des plus attachantes et tissée extrêmement serrée. Partout sur le territoire, on rencontre des expatriés dont la langue maternelle est le français (québécois, acadiens ou français) : à l’épicerie, à la boulangerie, à l’hôpital, dans les écoles, au sommet des montagnes…

Voici le portrait de trois Québécois amoureux de grand air qui ont fait du Yukon leur terre d’accueil. Comme tous les autres expatriés, ils s’y sont d’abord rendus en tant que visiteurs. Mais leur cœur, en s’apercevant à quel point il se sentait chez lui, leur a imposé un enracinement. Et le nombre de ces expatriés croît maintenant depuis plusieurs années.


Josianne Gauthier, pharmacienne et pagayeuse invétérée 

Crédit : Xavier Bonacorsi

Le premier séjour de Josianne au Yukon fut marqué par un coup de foudre qui a duré cinq semaines. Elle le décrit ainsi : « Vélo de montagne sous le soleil [alors qu’il pleut partout autour, dans les montagnes]; loup solitaire aperçu sous un arc-en-ciel; pêche au saumon; visite d’un castor sur le quai de la Yukon River; canot sur des eaux turquoise; rando sur la Chilkoot Trail; rencontre paisible avec un grizzli… »

L’année suivante, elle y retourne trois semaines pour une expédition en canot sur la rivière Snake. Le sort en est jeté. Elle décide d’y revenir quelques mois plus tard pour y vivre, à l’essai, pendant une année. Elle y est depuis maintenant 6 ans.

Pharmacienne clinicienne à l’hôpital de Whitehorse, Josianne consacre la plupart de ses temps libres à vivre sa passion pour le plein air. Le choix d’expéditions est infini; il suffit d’échanger avec des amis autour d’une carte topographique, de faire les plans et les bagages, et de partir. Aucun permis nécessaire ni de frais à acquitter. Le désir, une bonne préparation et une certaine dose de courage sont les seuls passeports requis pour l’aventure!

Josiane résume son amour du Yukon par l’accessibilité de ses centaines de rivières et lacs canotables, de ses milliers de kilomètres de sentiers de randonnée et par son caractère immensément sauvage. La sensation de pouvoir fouler un sol ou glisser sur un fluide inviolé, calme, reculé et dangereux à la fois est des plus enivrantes. Quand on lui demande si elle pense retourner un jour au Québec, sa réponse, bien qu’indirecte est sans équivoque : « Je ne peux rêver d’un endroit plus parfait où vivre… »


Valérie Bussières, future enseignante et guide en traîneau à chiens 

Crédit : Xavier Bonacorsi

C’est au cours d’une année passée à Hay River, dans les Territoires du Nord-Ouest, que Valérie tombe en amour avec la pratique du traîneau à chiens. Elle y fait ses premières armes et lorsqu’elle apprend que la Mecque du mushing (pratique du traîneau à chiens) se trouve au Yukon, elle décide d’y déménager et de tenter sa chance.

Avec sa formation de guide d’aventure, Valérie se déniche un emploi au ranch d’aventures Sky High Wilderness, près de Whitehorse, où elle devient à temps plein guide professionnelle en traîneau à chiens. Elle initie les amateurs aux bases de cette activité et aux rudiments du camping d’hiver yukonnais, qui se pratique régulièrement sous des températures de -40 °C.

Sa première demeure au Yukon est une petite « cabane dans l’bois », sans électricité ni eau courante. Elle y vit pendant ses trois premières années, été comme hiver, un peu à la manière des premiers prospecteurs qui ont donné vie au Klondike. L’été, Valérie troque le traîneau pour le vélo de montagne, qu’elle attache parfois à ses chiens pour s’adonner au bikejoring, ou cani-vélo, sport qui lui a déjà valu de nombreuses ecchymoses et une clavicule cassée.

Maintenant en couple, mère d'une fille de cinq ans et inscrite à des cours en éducation, elle occupe désormais son emploi de guide à temps partiel et devrait amorcer sa carrière d’enseignante dans l’année qui vient. En plus de tous ces paysages sauvages qu’elle nomme affectueusement son « terrain de jeu », Valérie chérit la place qu’occupe le français au Yukon. Le fait de pouvoir vivre dans sa langue maternelle autant qu’en anglais joue pour beaucoup dans le choix de son lieu de résidence permanente.


Stephan Poirier, entrepreneur en rénovation et technicien en avalanches 

Crédit : Xavier Bonacorsi

Stephan est, littéralement, un « vieux » routier de l’Ouest. Il vit son premier contact avec « nos Rocheuses » en plantant des arbres en Colombie-Britannique. Il passe ensuite au marteau et apprend le métier de menuisier sur les nombreux chantiers de construction alors en activité à Whistler, lieu tout indiqué pour développer un amour du télémark et devenir technicien en avalanches.

Après avoir vécu 8 ans à Whistler et arpenté toutes les montagnes du « BC », Stephan fait une virée au Yukon et c’est la révélation : montagnes vierges avec des tapis de poudreuse à l’infini, faible population, charme du Grand Nord… À cela s’ajoutent des possibilités professionnelles et un marché immobilier beaucoup plus abordable (à l’époque) que « dans l’Sud », comme ils disent là-haut…

Il s’installe donc à Whitehorse et devient pompier volontaire, artificier d’avalanches dans la White Pass, patrouilleur-secouriste avec chien d’avalanches et bien d’autres choses : la polyvalence est l’une des clés du succès « dans l’Nord ». Il entame aujourd’hui sa quatorzième année au Yukon et ne tarit pas d’éloges sur sa vie de Yukonnais.

L’hiver, il continue de donner, en français et en anglais, des cours de sécurité en avalanche. Il est aussi patrouilleur au mont Sima, la montagne de ski alpin aux abords de Whitehorse. L’été, il travaille comme entrepreneur en travaux de rénovation. Ce qui revient le plus dans son discours sur son affection pour le Yukon (et dans ceux de Josianne et Valérie)? La proximité et l’accessibilité de la nature à l’état pur. « Ici, il suffit de sortir de la maison pour se sentir tout petit dans l’univers », lance-t-il en partant pour sa séance de course à pied de fin de journée, vers 22 h, alors que le soleil luit toujours bien haut dans le ciel…

Immensité et perspectives du Yukon

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