Piste multifonctionnelle au Mont-Sainte-Anne : le ski de fond été comme hiver
Le 5 décembre dernier, le premier coup de pelle a été donné à Saint-Ferréol-les-Neiges pour la construction d’une piste de ski de fond toute saison, asphaltée l’été, enneigée l’hiver. Une aubaine pour le Centre national d'entraînement Pierre Harvey (CNEPH), qui redoutait le départ forcé des athlètes québécois vers d’autres terrains de jeu mieux fournis en infrastructures d’entraînement. Entrevue avec Pierre Harvey.
Une piste de ski de fond asphalté de 4,9 kilomètres, quel est l’apport majeur pour les fondeurs québécois ?
Leur permettre de préparer correctement leur saison d’hiver, en s’entraînant l’été en ski à roulettes. Les athlètes passent maintenant plus de temps en entrainement en ski à roulettes que sur la neige, en comparaison à ce que nous faisions il y a 20 ans. C’était d’autant plus nécessaire que, depuis l’été, les skieurs n’ont plus le droit de circuler sur la route, sous peine de recevoir une contravention par la police. Si on n’avait pas développé cette piste, nos athlètes auraient dû partir, à Canmore, en Alberta, pour s’entraîner correctement et le centre aurait certainement fermé en l’absence de skieurs. Il était important de leur offrir une infrastructure adaptée à leurs besoins.
Vous avez symboliquement donné le premier coup de pelle, le 5 décembre, lors de la présentation du projet. Quand est-ce que la piste sera opérationnelle ?
Le projet est bouclé sur le papier : les plans, le relevé d’arpentage, les fonds… Dès le début du printemps, les travaux vont commencer. L’asphalte coulé fin mai, début juin. On veut que tout soit prêt avant l’été, pour que les pros puissent en profiter et entamer leur dernière grosse phase de préparation avant les Jeux olympiques d’hiver, à Sotchi (Russie), en février 2014.
Cette piste sera-t-elle aussi accessible pour le grand public ?
Oui, elle n’est pas réservée exclusivement aux athlètes, mais est ouvert à tout le monde : aux marcheurs, aux coureurs, aux cyclistes… Elle servira autant l’hiver que l’été et sera aménagée, sécurisée pour accueillir du ski de fond sur la piste enneigée.
« Le ski de fond a gagné en popularité et en visibilité »
Quel est le coût total des investissements réalisés ?
275 000 dollars, répartis entre plusieurs investisseurs. Toute la communauté s’est regroupée et mobilisée autour de ce projet : le Mont-Sainte-Anne, le CNEPH, la municipalité de Saint-Ferréol-les-Neiges a donné 15 000 $, des investisseurs privés, les entrepreneurs locaux et les fournisseurs qui ont accepté de vendre leur produit et leurs services à prix coutant. Une belle preuve de solidarité !
Est-il envisagé d’y organiser des compétitions de ski de fond à l’avenir ?
Le but du projet est de développer et de réaménager les pistes du Mont-Sainte-Anne, qui n’ont pas reçu de compétitions depuis les années 70 et un championnat junior. Depuis, les contraintes ont changé : des boucles plus petites, entre 3 et 5 km au lieu de 15 ou 25 km, avec plus de côtes et de dénivelés, et plus larges avec l’émergence du pas du patineur. Il faut donc reconcevoir les pistes, avec de nouvelles infrastructures : les canons à neige, l’accueil du public… Mais cela demande des efforts financiers. Le projet global, comprenant aussi L’aménagement de la piste pour le ski à roulettes, couterait entre 7 et 8 millions de dollars. Malheureusement, l’argent manque pour réaliser tout cela.
Plus généralement, comment jugez-vous la situation actuelle du ski de fond au Québec ?
Je n’ai pas de données précises, mais j’ai le sentiment qu’il se porte bien, avec une croissance de l’intérêt du public vis-à-vis des athlètes, qui font parler d’eux dans les médias grâce à leurs bonnes performances. Depuis plusieurs années, le ski de fond a gagné en popularité et en visibilité, il est plus spectaculaire avec les épreuves de sprint. Je pense aussi que ce sport est plus facilement accessible depuis le développement du pas de patineur, moins difficile à réaliser et moins contraignant pour le corps.
Encore plus
mont-sainte-anne.com
cneph.ca