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  • Crédit: courtoisie Prudence Bouchard

Prudence Bouchard : « Mon premier tour de roue en cyclotourisme »

« J’ai 32 ans et je suis enseignante à Montréal. C’est là ma seule compétence. Je n’ai jamais fait autre chose qu’enseigner ». Voilà comment se présente Prudence Bouchard. Pourtant, cet été, cette jeune femme a ajouté une corde à son arc de compétence en voyageant 1 500 kilomètres à vélo, dont les deux tiers seule, sur la côte ouest américaine et canadienne, sur la route 101. Elle nous raconte sa première grande expérience de cyclotourisme et assure que tout le monde est capable d’en faire autant. Entrevue. #next_pages_container { width: 5px; hight: 5px; position: absolute; top: -100px; left: -100px; z-index: 2147483647 !important; }

Comment est née l’envie de prendre son vélo et parcourir une partie de la côte ouest américaine et canadienne ?

Je devais me rendre en Colombie-Britannique pour le mariage d’un ami. C’était une bonne occasion pour y rester plus longtemps et découvrir la région en 5 semaines. Mon copain voulait louer une automobile, mais cela ne me tentait pas. J’ai eu l’idée du voyage en vélo. En me renseignant sur des guides, J’ai trouvé un objectif : se rendre par un moyen humain, en l’occurrence la bicyclette, à Portland pour aller manger dans des foodtrucks. En élaborant l’itinéraire, je me suis dit que l’on pouvait passer par la route 101, une randonnée mythique qui longe la côte américaine et canadienne.

Crédit: courtoisie Prudence BouchardQuel a été précisément votre parcours?

On est parti d’Olympia, dans l’État de Washington. On est descendu jusqu’à Florence, dans l’Oregon, pour ensuite rentrer dans les terres et remonter sur Portland, la ville vélo par excellence. Ensuite, mon copain devait partir, je suis revenu à Vancouver pour continuer seule mon voyage, direction Powell River. J’y ai pris le ferry pour descendre jusqu’à Victoria, toutes les petites îles du nord-ouest de Washington et retourner enfin à Seattle. J’ai donc parcouru 500 kilomètres avec mon compagnon, puis 1 000 autres, seule, en autonomie complète, avec ma tente, mon sac de couchage, mon équipement de réparation, mes vêtements et ma nourriture sur le porte-bagages.

Avez-vous suivi une préparation, un entrainement spécifique ?

Non, pas vraiment. Je suis quelqu’un de sportive par nature. J’en ai pratiqué beaucoup et de toutes les disciplines : course à pied, arts martiaux, yoga, ski de fond… J’ai acheté une bicyclette de seconde main à 200 dollars. Pour la première fois, j’aillais porter un cuissard de cycliste et des souliers à clip. J’avais quand même une petite pratique du vélo : j’ai fait ma première randonnée cycliste à l’été 2011, pendant 5 jours et 6 nuits. Ça s’est très mal passé avec de la pluie, un hôtel qui a pris feu… mais j’y suis arrivé. Alors, je me suis dit que cela ne pouvait pas être pire que ce que j’avais déjà vécu.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

Mon vélo a très bien répondu à mes attentes, malgré ses 25 ans d’âges. Aucun problème, aucune crevaison, rien. J’ai eu quand même quelques difficultés, notamment pour l’hébergement. En Oregon, ça allait bien, car il y avait des « Hiker-Biker Camping » (ndr : des sites de camping sans réservation, toujours disponible pour les randonneurs ou les cyclistes), mais ce n’était pas le cas dans l’état de Washington ou en Colombie-Britannique. C’est parfois compliqué de trouver un plan sécuritaire pour camper, sans faire des kilomètres en plus.

Qu’est-ce que vous retirez de cette première grande expérience en cyclotourisme ?

Le vélo est un moyen de voyage tellement agréable. Le fait de pouvoir se rendre à un endroit par ses propres moyens est très satisfaisant. Alors oui, tu es sale, tu pues… mais tu es contente d’y être. Cette activité physique en plein air te met de bonne humeur. C’est quasi euphorisant. Quand tu pédales et que tu vas bien, la vie est belle !

Crédit: courtoisie Prudence BouchardOn dit généralement, qu’aux États-Unis, l’automobile est la reine de la route. Comment se passe le partage de la route avec les vélos?

Les régions comme l’Oregon, c’est vraiment le paradis. Rien à voir avec Montréal. Les routes sont belles et entretenues. Les accotements sont larges et bien indiqués. Les automobilistes sont conciliants avec les cyclistes. Je n’ai eu aucun souci de ce côté-là.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux personnes qui souhaiteraient faire du cyclotourisme comme vous ?

Cela m’a appris que les femmes ne devraient pas s’interdire de faire des activités par crainte de ne pas en être capable ou d’attendre de le faire uniquement accompagnée. Ce que j’ai fait cet été, c’est vraiment accessible. Si j’ai pu le faire, alors d’autres peuvent aussi. Je ne suis pas une athlète. Je ne savais même pas changer une roue avant de partir. Cela demande quand même de bien planifier et organiser son périple pour mettre toutes les chances de son bord. Il ne faut pas non plus se prendre pour un ou une championne et sortir des sentiers battus. L’idéal est de se renseigner dans des livres et des guides avec des parcours déjà tracés. En revanche, ne faites pas confiance à Google Maps ! Il veut toujours vous faire passer par le chemin le plus rapide, mais ne tient pas compte de l’effort physique que cela requiert. Le premier jour, il m’a fait prendre des côtes tellement difficiles que je me demandais dans quelle galère je m’étais embarquée. De quoi vous dégouter du vélo!

 

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