Le fatbike s’installe au Québec
Face aux incontournables de l’hiver, un nouveau sport obtient une croissance remarquée au Québec : le fatbike.
En vous promenant devant les vitrines des magasins de vélos, vous avez certainement dû la remarquer. Ou même dans les allées. Remarquer quoi? Une machine à la structure semblable à celle d’un vélo de montagne, mais avec des pneus surdimensionnés (jusqu’à cinq pouces de largeur) et des jantes tout aussi impressionnantes (jusqu’à 100 mm). Une bête à deux roues qui ne passe pas inaperçue sur ses deux lieux de prédilection : le sable et surtout la neige. C’est la raison même de son existence : à l’origine, il a été conçu dans les années 80 en Alaska par des cyclistes mordus qui voulaient continuer à rouler l’hiver malgré des conditions climatiques difficiles et des terrains instables.
Au Québec, le fatbike a longtemps été marginal, pratiqué depuis 2010 par seulement quelques « crinqués ». Pourtant, en cinq ans, tout s’est accéléré. Depuis l’hiver 2014, le fatbike est une réalité à laquelle on ne peut échapper.
Il n’existe pas de chiffres officiels sur la pratique, mais plusieurs signes et indices sont concordants. Au niveau des manufacturiers, il est bien terminé le temps où la seule façon de pouvoir en faire était de se le fabriquer soi-même.
En 2005, la compagnie américaine Surly est la première à lancer officiellement un tel vélo sur le marché, le Pugsley. Depuis, plusieurs gros manufacturiers généralistes ont suivi le pas, comme Trek (Farley) ou Specialized (Fatboy). « Cela faisait un moment que nos clients nous demandaient de produire ce genre de vélo », explique Hugo Bardou, président de la compagnie de Bromont. « La commercialisation du Gros Big a commencé début 2014. Et on a vendu la cinquantaine de modèles produits ». Une rentrée d’argent forcément intéressante, surtout à des périodes de vente normalement plus faibles. Xprezo envisage même d’augmenter sa production pour 2016. En décembre dernier, un autre joueur québécois s’est lancé dans l’aventure : la toute nouvelle compagnie Moose Bicycle a lancé sur le site de financement participatif Kickstarter un appel pour l’aider à produire le Fat Moose, à un prix de vente de 899 $. Selon la compagnie, c’est « 33 % moins cher que nos concurrents. »
Autre indice de croissance : la multiplication des réseaux de sentiers nouvellement accessibles au fatbike. Des terrains de jeux sur lesquels se sont implantés de nouveaux événements, comme le Grand Fat Tour, festival itinérant dans plusieurs villes du Québec et au Vermont. « C’est un regroupement de passionnés. Notre objectif est de diminuer le nombre de démonstrateurs présents et d’augmenter le nombre de participants », explique Éric Léonard, l’un des organisateurs, également coordonnateur régional Québec pour l’International Mountain Bicycling Association Canada. En 2014, ils étaient 300 par jour à l’événement selon lui.
Il faut dire que les avantages du fatbike en hiver sont nombreux par rapport au vélo de montagne. Plus confortable (car plus stable), moins rapide, mais avec autant de plaisir : « En fatbike, tu mets l’aspect performance de côté, mais tu as tellement de fun à pouvoir rouler en hiver sur la neige que tu oublies le fait de monter la côte deux fois plus lentement. Ceux qui ont le spleen du vélo en hiver et qui l’essayent sont rapidement convaincus. Et l’essayer, c’est l’adopter! », dit Gilles Morneau, pratiquant et cycliste expérimenté.
Christian Brault, acheteur vélo pour la boutique Le Yéti, est aussi persuadé de l’aspect récréatif de ce genre de vélo : « Il n’y a qu’à voir comment nos clients reviennent avec le sourire après seulement quelques heures pour démontrer le côté ludique du fatbike. Il a l’avantage de très bien s’adapter à chacune des saisons du Québec. Et cela peut être un outil d’exploration incroyable en dehors des sentiers, dans des secteurs plus cachés, plus aventureux. »
Cette croissance québécoise devrait toutefois se stabiliser dans les prochaines années, selon Éric Léonard : « Cela va forcément s’estomper et se normaliser, pour se stabiliser avec un nombre relativement fixe de pratiquants ». La mode va-t-elle durablement s’implanter au Québec? Ou retombera-t-elle aussi vite qu’elle est arrivée? « Tout est là, au Québec, pour que cela se développe, répond Gilles Morneau. Mais son avenir va fortement dépendre de l’accessibilité aux sentiers. L’exemple du vélo de montagne nous montre bien comment la multiplication des cyclistes a nécessité de mettre en place un développement encadré, avec des règles et même des barrières. La communauté du fatbike est consciente qu’il faut adopter un bon comportement. Je suis curieux de voir comment vont réagir les centres de ski de fond et de raquette ».
Francis Tétrault, chargé de projets vélo de montagne chez Vélo Québec, est pourtant convaincu que les centres embarqueront dans le mouvement : « Nous avons été approchés par des regroupements de ski de fond au Québec pour obtenir des conseils et une expertise. Face à des conditions de neige plus variées et difficiles qu’avant, ils sont conscients que le fatbike pourrait leur amener une nouvelle clientèle. Ils voient donc d’un bon œil cette nouvelle pratique et son potentiel économique ». François Desrosiers, acheteur vélo pour les boutiques La Cordée, est plus sceptique sur la pérennité de la pratique : « Le fatbike, c’est actuellement une mode. Cela permet de redonner un nouvel élan au vélo de montagne et à ses pratiquants. Mais, le fatbike reste encore un sport niche. Seuls les bons cyclistes, les mordus vont s’acheter ce vélo, qui est un deuxième ou un troisième achat. Ce n’est pas forcément une activité pour monsieur et madame Tout-le-Monde, car elle change la conception habituelle que l’on a du vélo, de par sa conduite, sa lenteur, etc. » L’histoire du fatbike au Québec n’en est qu’à ses prémices et personne ne peut encore dire où en sera ce sport dans quelques années, sur les sentiers ou à l’abandon au garage. Mais ne vous étonnez pas trop d’en voir de plus en plus durant vos sorties hivernales!
La cohabitation... Tout roule!
Si le fatbike impressionne par ses dimensions hors-normes, il ne semble pas (encore) poser trop de problèmes pour les autres usagers des sentiers à pied, en raquette ou en ski de fond. « Dans la majorité des cas, la cohabitation fonctionne très bien, assure Francis Tétrault, chargé de projets vélo de montagne chez Vélo Québec. Les centres de ski de fond peuvent facilement intégrer le fatbike. C’est le cas au Vermont, où les cyclistes empruntent le couloir pour le pas de patin et laissent les traces de ski intactes ».
Éric Léonard, de l’International Mountain Bicycling Association, insiste sur l’aspect positif du fatbike : « Il y a moins de perceptions négatives, car c’est une activité moins rapide que le vélo de montagne. On roule quasiment à la même vitesse que les fondeurs. Ça fait moins peur. Il suffit d’en côtoyer quelques-uns pour se dire que c’est juste une autre bibite dans le bois! »
Le fatbike au Québec
Bromont
Les sentiers du massif de Bromont permettent la pratique du fatbike sur les 60 kilomètres du réseau de sentiers municipaux entretenus en hiver. « Un beau réseau, varié, pas trop abrupt, malgré la montée vers le mont Oak », selon Éric Léonard.
Forêt Montmorency
La plus grande forêt de recherche et d’enseignement au monde, vient d'ouvrir des pistes de Fatbike. Plus de 10 km de nouvelles pistes de différents niveaux sont maintenant accessibles pour le public.
Infos : foretmontmorency.ca
Mont-Sainte-Anne
Trois sentiers exclusifs, damés quotidiennement : Le Ruisseau Rouge, Le Marie-Josée et la piste de sprint. Les départs et arrivées des randonnées en fat bike s’effectu au chalet principal (St-Julien) du Centre de ski de fond. Deux vélos fat bike sont disponibles au Sports Alpins du centre de ski de fond.
Infos : mont-sainte-anne.com
Mont Rigaud
La station de ski donne accès à trois de ses pistes (la 2, la 4 et la 10), damées par une motoneige
Infos : 514 990-1286 · velo.montrigaud.com
Lac Beauport – Sentiers du Moulin
Accès autorisé au réseau de 20 km des sentiers de raquette.
Infos : 418 849-9652 · sentiersdumoulin.com
Parc national d’Oka
Seul parc de la Sépaq où l’on peut circuler en fatbike sur une partie des sentiers pédestres (12 km) et sur la plage. Sept vélos fatbike sont disponibles à la location, au prix de 18,75 $ / heure.
Infos : 450 479-8365 • sepaq.com/pq/oka
Parc de la Gorge de Coaticook
Parcours de 10 km, damé partagé avec les randonneurs en raquettes. Location de vélos possible, uniquement sur réservation.
Infos : 1 888 524-6743 • gorgedecoaticook.qc.ca
Plein air Sainte-Adèle - Laurentides
Une quarantaine de kilomètres de sentiers de raquette, tous accessibles aux vélos d’hiver.
Infos : 450 229-2921 poste 245 • pleinairsteadele.com
Saguenay – Centre de vélo de montagne Le Panoramique
Pratique tolérée sur des sentiers non entretenus l’hiver, non damés pour le fatbike.
Infos : velochicoutimi.qc.ca
Sherbrooke
À la base de plein air André Nadeau, plusieurs parcours pour se promener et s’initier en forêt. Service de location disponible.
Infos : 1 800 651-8331 · veloneige.destinationsherbrooke.com
Vallée Bras-du-Nord
L’accès au réseau se fait dans le secteur Shannahan, sur certaines pistes entretenues et partagées avec la raquette. Plusieurs fatbikes disponibles en location.
Infos : 1 800 321-4992 · valleebrasdunord.com
Nous revenons tout juste d'un splendide voyage chez Maine Huts and Trails. Le réseau est vaste et partagé entre les raqueteurs, les fondeurs et les Fat Bike. Nous étions 14 dans notre groupe à parcourir le réseau de sentiers partagés.
Du côté de Jay Peak, le réseau de sentiers nordiques est également partagés entre les fondeurs (patin aux centre, classique sur les côtés), les raquetteurs et les Fat Bike. Le tout se déroule sans aucun problème surtout que les cyclistes de déplacent généralement à une vitesse semblable aux skieurs en pas de patin.
Bref, lorsqu'on veut que ca fonctionne, c'est facile d'avoir une saine cohabitation dans les sentiers. Suffit d'être prêt à rencontrer différente sorte de bibites dans les sentiers!
Bonne randonnée!
Il faut faire attentionà la la cohabitation. Le fatbike ne doit pas aller dans les pistes de ski de fond de style pas de patin. Il abîme la piste. Par contre, dans les sentiers de marche ou de raquettes c'est ok. À Oka nous avons chaque fin de semaine des cyclistes en fatbike qui ne respectent pas le règlement.