Simon Beck : art sur neige
Qui n’a jamais laissé son empreinte de raquette ou bien celle de sa silhouette en « ange » dans un épais banc de poudreuse fraiche? Simon Beck, un Anglais de 55 ans, s’est lancé dans un travail de plus grande envergure : celui de dessiner d’immenses œuvres d’art sur les versants des Alpes françaises. Le résultat est impressionnant et pourtant… totalement éphémère!
Les seuls instruments de l’artiste : un compas et des raquettes! Cet ingénieur et cartographe d’expérience s’inspire de formes géométriques pour les reproduire pas à pas à grande échelle sur le flanc enneigé d’une montagne. Son terrain de jeu préféré est la station des Arcs, en Savoie, où il a déménagé il y a une dizaine d’années. Pour toutes ses œuvres, il procède de la même façon : il recherche tout d’abord une vaste zone vierge, plate et régulière, le plus souvent entre des chalets de montagne, avant de dessiner schématiquement les lignes droites de son projet. Son compas l’aide à reproduire les mesures du croquis à grande échelle selon des points de repère qu’il se donne dans la nature et sur la neige. La suite est tout aussi mathématique, puisqu’un seul pas de travers pourrait déséquilibrer la symétrie de l’œuvre.
À la manière des crops circles dessinés dans les champs de blé, Simon Beck pousse le détail des formes géométriques à la perfection passant des journées entières à la réalisation de ses projets. Une œuvre exige en moyenne une dizaine d’heures de travail et plus de 40 km de marche! Lorsqu’on lui demande ce qui anime sa passion, il répond que c’est avant tout un « défouloir physique » qu’il prolonge parfois jusqu’à la nuit grâce à sa lampe frontale.
Toute la beauté de ce travail réside dans le fait que ses œuvres évoluent en fonction de l’angle d’où on les regarde ainsi que des conditions météo qui les affectent. La chaleur du soleil accentue le contraste de chacun de ses pas tandis que la neige soulevée par un blizzard peut recouvrir petit à petit le travail. Un art éphémère qu’il est le premier à avoir créé à une si grande échelle et qui lui vaut l’admiration de tous.
Après de nombreux appels reçus de la part de stations de ski européennes qui veulent elles aussi leur snow art, Simon Beck s’est associé récemment à la compagnie de vêtements Icebreaker afin de reproduire ses créations sur une série de 20 chandails pour femmes, hommes et enfants. La collection est disponible au Québec depuis le mois d’octobre et la vente des produits permet de récolter de l’argent pour la lutte contre le réchauffement climatique.
La morale que l’on peut tirer de la belle histoire de cet artiste engagé, c’est que la nature est un véritable terrain de jeu et qu’il ne tient qu’à nous de la transformer en œuvre d’art éphémère. Tous à vos raquettes!