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  • Crédit: Marco Weber

Marco Weber : coups de pagaie contre l’intimidation

Au mois d'aout prochain, Marco Weber, photographe et kayakiste expérimenté, va pagayer sur le Saint-Laurent : 1 000 kilomètres entre Montréal et Percé. Un défi sportif couplé d’une revendication sociale : ce père d’un enfant de huit ans veut interpeller le grand public sur les nécessités de lutter contre l’intimidation des enfants à l’école.

Comment vous est venue l’envie de pagayer 1 000 km entre Montréal et Percé en kayak de mer?

L’envie d’expédition me trottait dans la tête depuis longtemps. L’élément déclencheur, c’était il y a deux ans quand j’ai attrapé la bactérie mangeuse de chair. Sur mon lit d’hôpital, je réfléchissais à la possibilité de continuer à faire du kayak avec un bras amputé. Heureusement, j’ai pu guérir complètement. Cela m’a fait l’effet d’un coup de pied dans le derrière. L’idée de parcourir le Saint-Laurent m’est apparue comme une évidence. Je vivais à côté, mais je ne voulais pas choisir un objectif facilement atteignable. Je ne suis même pas certain d’y arriver. L’échec est une possibilité.

Le but est aussi de parler de l’intimidation.

Oui, l’idée est de contribuer à la sensibilisation du public à cette problématique : l’intimidation, la discrimination et la violence faite aux enfants en milieu scolaire. Dans le cadre de mon travail comme photographe pour TVA, j’ai rencontré Jasmin Roy alors que mon fils, aujourd’hui âgé de 8 ans, avait des difficultés à l’école. Il y aura donc une campagne de financement avec des dons en ligne, au profit de la fondation Jasmin Roy qui lutte contre ces dérives. Le sport est un outil formidable de valorisation de l’individu, de défoulement, de dépassement de soi et de persévérance. Le kayak de mer permet de développer l’entraide entre pratiquants. On fait « copain/copain » : je prends soin de toi, tu prends soin de moi. Tous ces principes peuvent s’appliquer dans la vie de tous les jours. J’espère que les gens, et surtout les professeurs, saisiront cette opportunité pour faire passer ces messages.

Quels défis allez-vous devoir surmonter?

La météo. Je ne sais pas quel été on aura au Québec et cela va grandement influer sur le niveau de l’eau. La pluie peut devenir un élément qui usera mon moral. Il me faudra composer avec l’épuisement physique et mental, et le fait d’être éloigné de mon fils. L’été est normalement une période de l’année privilégiée pour être avec ses enfants. J’avoue que j’ai un peu de culpabilité à le laisser. J’espère rallier Percé en 30 à 40 jours, peut-être même 45. Ce n’est pas une course de vitesse, mais d’endurance. L’objectif est d’y arriver tout simplement. Et je veux aussi savourer, car ce n’est pas quelque chose que l’on fait tous les ans.

Quelle préparation avez-vous suivie?

Elle a commencé il y a longtemps. J’ai suivi l’entrainement spécifique du kayakiste pour renforcer les parties du corps souvent fragilisées : le dos, le tronc et les épaules. J’ai essayé de me préparer en subissant les mêmes conditions du défi : par tous les temps, pas seulement quand il faisait beau; avec de la fatigue accumulée pour travailler sur l’endurance et le mental. Mais le kayak de mer, ce n’est pas seulement pagayer, c’est aussi de la navigation et savoir prendre les bonnes décisions en fonction du vent, des courants, des heures et des conditions de marée, qui diffèrent selon les secteurs. Avec la fatigue, c’est plus difficile de faire les bons choix.

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