Paroles d'olympiens
À quelques jours du début des 22es Jeux olympiques d’hiver, à Sotchi en Russie, quatre athlètes québécois se sont confiés sur leur ambition et leur préparation : Dominique Maltais, Alexandre Bilodeau, Jean-Philippe Leguellec et Charles Hamelin.
Dominique Maltais
Planche à neige (snowboardcross)
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le début de ces Jeux?
C’est un événement auquel tu penses très souvent, car tu t’y prépares depuis des années. Mais j’essaye de ne pas y penser tout le temps, de ne pas me concentrer uniquement là-dessus. C’est surtout fin janvier, lors du dernier camp d’entrainement en Autriche que je serais à 100 % tournée vers les Jeux. D’ici là, je respecte ma feuille de route sans bruler les étapes. Le risque quand on se focalise sur le décompte quotidien avec une compétition, c’est de vouloir trop en faire. Il faut savoir rester dans sa zone.
Quels sont vos objectifs?
Faire une course comme je les aime, avec mon plein potentiel. Ce sera sûrement mes derniers JO. Je vais tenter de finir en beauté, terminer comme il se doit. Je suis très excitée et impatiente d’y être, mais j’essaye de retarder les choses au maximum, car j’en ai déjà fait plus quece qu’il me reste encore à faire.
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Comment s’est déroulée votre préparation?
Cela fait quatre ans que je m’y prépare! J’ai beaucoup travaillé pour être prête le jour J. J’ai corrigé mes points faibles. Rien n’a été laissé de côté : le physique, la tactique, le mental, le matériel. Comme une artiste, j’ai répété mes gammes pour offrir le meilleur récital possible. Depuis avril 2013, je suis en avance sur mes étapes de préparation. Ça va super bien!
Ce sera votre troisième olympiade, l’expérience acquise vous servira assurément pour aborder cette compétition…
2006 et 2010 furent deux expériences complètement différentes. J’ai gagné la médaille de bronze aux Jeux de Turin alors que je n’envisageais aucun résultat. Tout était nouveau. À Vancouver, je savais à quoi m’attendre, surtout quand il s’agit de prendre part à une compétition dans son propre pays. J’étais prête, mais rien ne s’est passé comme prévu. C’est du passé. Maintenant, avec le recul et ce que j’ai accompli, je n’ai pas besoin de prouver quoi que ce soit.
Vous avez remporté quatre titres de Coupe du monde (2006, 2011, 2012 et 2013). Est-ce une pression ou une forme de motivation en plus?
Cela donne de la confiance. Ça valide tout le travail fait à l’entrainement. Ça paye de bien faire ses devoirs! La pression? Non, pas vraiment. J’ai envie d’avoir du plaisir, faire une belle course, profiter d’être dans un pays totalement différent. Mes trois dernières saisons furent très bonnes, mais je ne me considère pas comme « la personne à battre ».
Comment jugez-vous le parcours élaboré par les organisateurs?
C’est un beau parcours, long et exigeant, avec beaucoup de virages et de grandes sections de glisse. Il y a un gros saut final pour impressionner les foules, difficile à négocier après 1 min 30 s de course à 70 km/h. Je connais le parcours. Je l’ai testé lors d’une manche de la Coupe du monde, la saison dernière. J’ai aimé l’expérience.
Sur quoi va se jouer la réussite des épreuves et de ces JO?
Avoir un bon départ. Être concentrée sur ce que je fais. Ne pas se laisser affecter par l’environnement là-bas : les médias, la pression...
Jean-Philippe Leguellec
Biathlon
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le début de ces Jeux?
Je suis en phase de préparation finale. L’idée est que tout se mette gentiment en place durant la dizaine de courses avant Sotchi.
Quelle est votre ambition?
La même que sur l’ensemble de la saison : monter sur le podium et faire correctement le travail. Ce sera mes derniers jeux. Je prendrais ma retraite coute que coute, peu importe le résultat. Je ne me mets pas de pression. Au contraire, cela me motive davantage.
Sur quelles épreuves allez-vous vous aligner?
En biathlon, il n’y a pas de spécialisation par rapport aux types d’épreuves. Je vais donc participer à toutes les courses : l’individuel 20 km, le sprint 10 km, les relais hommes et mixte, la poursuite 12,5 km et le départ en ligne 15 km. Je mise beaucoup sur l’épreuve de sprint, la première course de la compétition, mais s’il y a de la place pour briller sur d’autres épreuves, je ne me gênerais pas.
Comment jugez-vous le parcours élaboré par les organisateurs?
Je l’ai découvert l’hiver dernier sur une manche de Coupe du monde. C’est un tracé très technique sur toute la ligne, avec beaucoup de montées et de virages, pas de repos possible dans les descentes. J’aime ce genre de parcours. Il y a moyen de s’y faire plaisir!
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Comment s’est organisée votre préparation?
Elle se peaufine depuis trois ans, mais elle n’est pas différente des années non olympiques. Les gros événements comme les championnats du monde permettent de valider le travail fait à l’entrainement. J’ai changé ma technique de ski et mes tactiques de courses. Tout cela a plutôt bien fonctionné les dernières années
Ce sera votre troisième olympiade, l’expérience acquise vous servira assurément pour aborder cette compétition…
À Turin, j’étais un junior en phase d’apprentissage. À Vancouver, on jouait à domicile. Mais peu importe où tu es, la job reste la même. En 2010, c’était aussi la première fois que j’enchainais toutes les épreuves. C’était difficile physiquement, mais j’ai beaucoup appris sur la gestion du rythme et de l’effort.
Sur quoi va se jouer la réussite des épreuves et de ces JO?
Sur les éléments que je peux contrôler : être en forme, ne pas faire d’erreurs au tir, avoir du bon matériel. Je suis confiant : j’ai derrière moi une bonne équipe technique. C’est un ensemble de petites choses, mais tout s’emboite correctement, alors cela devrait bien se passer.
Alexandre Bilodeau
Ski de bosses
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le début de ces Jeux?
Excité devant cette belle aventure qui arrive. C’est ma dernière expérience olympique et je l’aborde sans stress ni pression, mais avec une hâte d’y participer et d’en profiter au maximum.
Comment percevez-vous vos derniers jeux?
Comme une motivation en plus, pas comme un facteur de stress supplémentaire. J’ai obtenu un bon résultat aux JO. Ma carrière de skieur ne dépendra pas de cette dernière présence. Je vais juste en profiter, peu importe le résultat.
Quelles sont vos ambitions?
Obtenir la médaille d’or et idéalement faire la meilleure descente sur le parcours.
Vous avez gagné l’or à Vancouver. Comment arrive-t-on à se motiver après cela?
Je suis quelqu’un de très compétitif. Ma médaille d’or de Vancouver, c'est du passé. Je regarde vers le futur et j’en veux toujours autant, sinon plus! Être tenant du titre n’est pas une source de pression pour moi. Quoi qu’il arrive à Sotchi, le titre de 2010 va rester. Je m’en vais à la conquête d’un deuxième titre, tout simplement.
Qu’est-ce que l’expérience des deux olympiades précédentes vous apporte dans votre préparation?
Chaque expérience olympique est unique. À la suite de ma déception à Turin en 2006, j’ai réalisé ce que représentait un cycle olympique, d’avoir passé aussi près d’une médaille et d’avoir à attendre quatre ans pour pouvoir le refaire. Ce n’est pas facile! C’est à ce moment où j’ai appris le plus. Les années d’entrainement suivantes m’ont donné beaucoup d’expérience. Je suis revenu fort à Vancouver et je suis encore plus prêt pour Sotchi.
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Comment s’est organisée votre préparation?
Ce cycle olympique est différent. En 2012, je me suis concentré sur l’entrainement puisque j’étais plus loin de la compétition. Depuis, j’ai évolué et j’ai changé en tant qu’athlète. Je connais davantage ce que j’ai besoin de travailler et je suis plus efficace lorsque j’ai mes skis dans les pieds. Je suis rendu à un certain point dans ma carrière où je dois écouter mon corps. Mon équipe et moi essayons de bien équilibrer l’entrainement sur piste et hors piste pour éviter les blessures. J’ai un nouveau coach depuis Vancouver. On a appris à se connaitre dans les trois dernières années, mais depuis, on se complète bien et on a maintenant la même vision du sport, de la compétition et des résultats convoités.
Un autre Québécois, Mikaël Kingsbury, fait partie des meilleurs mondiaux en ski de bosses. Comment définiriez-vous votre relation avec lui?
C’est une compétition qui est saine, on s’entraine ensemble, mais il reste qu’on convoite tous les deux le même résultat. Qu’il y ait deux Canadiens qui performent bien sur la scène internationale fait seulement augmenter le niveau de qualité et de compétitivité du sport au Canada. C’est une belle vitrine pour le ski acrobatique et ça peut même motiver la relève!
Sur quoi va se jouer la réussite de la compétition?
D’arriver dans un bon état d’esprit. La seule chose que je veux reproduire de Vancouver, c’est mon état d’esprit : serein, en profiter et rendre l’expérience agréable. Je dois avoir envie de skier et non pas de supporter une pression supplémentaire.
Charles Hamelin
Patinage de vitesse
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le début de ces Jeux?
Actuellement, nous sommes en Europe pour les Coupes du monde qui serviront de qualification pour les Olympiques. La première s’est très bien passée. Les entrainements en Russie se déroulent bien aussi. Je suis très confiant.
Quelles sont vos ambitions pour Sotchi?
Je vise deux médailles : une en individuel et une au relais. Idéalement, je veux reproduire le même scénario qu’aux Jeux de Vancouver. Si je gagner à nouveau l’or au 500 m, je serais deux fois champion olympique et je crois bien que ça ne s’est pas encore vu!
Être tenant du titre en 500 m, est-ce une pression supplémentaire?
Non, pas vraiment. Dans les quatre dernières saisons, j’ai bien fait ma marque au niveau du 500 m. Mais je suis conscient qu’il y a beaucoup de rivalité à travers le monde et d’autres très bons patineurs. Cela ne m’ajoute pas un stress supplémentaire. Je serai dans le même état d’esprit sur le 1000 m et le 1500 m.
Vous avez gagné trois médailles olympiques. Comment arrive-t-on à se motiver après cela?
Quand tu atteins les JO et que tu commences à gouter à la victoire, tu veux toujours revivre l’émotion et l’expérience. C’est ce qui m’a motivé dans les dernières années. Mon objectif est de patiner aussi longtemps que je serai au top de ma forme. Je me suis seulement amélioré depuis 2010, et le gout de victoire a été un élément très motivant dans mon entrainement pour aller en chercher d’autres.
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Comment s’est organisée votre préparation?
La préparation a commencé quand les Jeux de Vancouver se sont terminés. On avait des objectifs précis, mon entraineur et moi : devenir un meilleur patineur, plus difficile à battre, avec plus de stratégies, être plus rapide et plus fort. Avec tous les efforts, j’ai réussi à le devenir. Sur quatre ans, l’évolution est marquée. Pour Sotchi, les plans d’entrainements n’ont pas vraiment changé. Ce sont les mêmes normes, mais le niveau a augmenté. Le groupe d’entrainement a beaucoup évolué. On a presque gardé le même noyau, ce qui nous rend plus forts.
Qu’est-ce que l’expérience des deux olympiades précédentes vous a apporté?
À Turin en 2006, j’étais le plus jeune de l’équipe, je suis arrivé aux Jeux et tout m’impressionnait. Je voulais tout voir, tout faire et ne rien manquer. Je n’avais pas de réelle pression. Mon objectif au départ était d’être aux jeux de 2010. Je me suis classé par surprise en 2006. Je voulais plus me faire du plaisir avec mes coéquipiers. Mais à Vancouver, j’ai appris à être dominant et gérer la pression. Il y avait beaucoup d’attention et de pression médiatique que je devais gérer. Même si je n’ai pas obtenu les résultats souhaités au 1500 m et au 1000 m, je n’ai pas perdu confiance en moi, je suis resté le même et j’ai gardé l'objectif pour toutes les compétitions suivantes. Je suis revenu fort au 500 m et au relais.
Sur quoi va se jouer la réussite de la compétition?
D’arriver là-bas et de prendre cette compétition comme une autre. C’est encourageant avec les résultats obtenus en Coupe du monde. Se mettre moins de pression sur les épaules, avoir plus de confiance. L’équilibre entre les deux fera en sorte que tu peux oublier un peu le grandiose des olympiques, garder la concentration et exploiter son plein potentiel.