Ski alpin : hors-piste (québécois) délirant

Lorsque les journées raccourcissent, les fous de la poudreuse salivent à l’idée de la première grosse bordée de neige. Cette année, ils pourront profiter de plusieurs nouveautés dans le domaine du ski hors-piste, un phénomène qui fait boule de neige sur les pentes du Québec!

Val d’Irène récompensé

Avec 27 pistes, 274 mètres de dénivelé, les pentes les plus abruptes à l’Est-du-Québec, et un enneigement 100 % naturel, Val d’Irène était déjà un incontournable pour profiter des conditions optimales de neige abondante dans la vallée de la Matapédia. Voilà qu’ils en remettent avec un tout nouveau secteur de ski hors-piste situé sur une montagne voisine au domaine skiable. Grâce à ce projet, Val d’Irène a d’ailleurs mérité le grand prix Les Dragons du Ski et une bourse de 10 000 $ en juin dernier.

L’aménagement de ce secteur hors-piste constituera en fait un projet pilote qui facilitera l’implantation de ce type de pentes dans les stations de ski du Québec, car pour l’instant, une loi interdit sa pratique. « Nous travaillons avec d’autres centres (Owl’s Head, le Massif) pour créer une procédure de bonnes pratiques de ski hors-piste qui serait approuvée par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et par les assurances », explique Théophile Cartier, directeur général de la montagne.

Trois couloirs de ski ont donc été aménagés et quatre autres couloirs devraient voir le jour dans la phase 2 du projet. Ce nouveau secteur sera gratuit pour les adeptes du ski hors-piste. « Nous voulions augmenter notre offre de service à Val d’Irène pour attirer les touristes dans nos hébergements, car la montagne est ouverte du vendredi au dimanche », ajoute M. Cartier. Deux chalets locatifs se sont également greffés aux six autres déjà présents sur le site et un nouveau chalet d’accueil a été bâti au cours de l’été.

Le pari de Owl’s Head

Depuis plusieurs années, la station Owl’s Head, en Estrie, planche sur le développement d’un nouveau développement sur le versant est de la montagne. Les adeptes du hors-piste seront comblés d’apprendre que ce coin leur sera exclusivement réservé à compter de cet hiver! « Au lieu de faire un développement traditionnel, on a opté pour offrir un terrain de jeu inhabituel », a déclaré Luc St-Jacques, responsable du marketing pour la montagne. Selon plusieurs professionnels qui ont visité le site, le secteur hors-piste rivaliserait avec ce qu’on retrouve dans les Chic-Chocs!

Sur un dénivelé de plus de 375 mètres, avec de multiples falaises allant jusqu’à une vingtaine de mètres, les nouvelles pentes ont été aménagées pour les skieurs d’expérience. Au cours des prochaines années, le centre continuera l’aménagement de cette zone qui a un énorme potentiel, afin d’offrir des pistes pour tous les niveaux.

Les skieurs devront acquitter un droit d’accès (prix à venir), être équipés pour l’ascension (raquettes ou peaux de phoques) et être munis d’un moyen de communication pour des raisons de sécurité afin d’avoir accès à ce secteur « absolument phénoménal », car la zone, située à un minimum de 1,2 km d’une sortie, ne sera pas patrouillée, souligne Luc St-Jacques.

Des nouvelles de la Gaspésie

Depuis quelques années, les entrepreneurs de la poudreuse de la péninsule gaspésienne se sont regroupés en créant la Coop Accès Chic-Chocs. Cet hiver, ils ont mis à profit leur expertise en aménagement forestier de domaines skiables sur les monts York et Porphyre à Murdochville, dans la Vallée Taconique et sur le mont Lyall. Voici en détail, ce qui se mijote en Gaspésie.

Héliski au Chic-Chac

Situé au milieu d’une chaine de montagnes dans une ancienne ville minière, le Chic-Chac est aujourd’hui reconnu par la communauté du hors-piste. Le propriétaire des lieux, Guillaume Molaison, cherchait à pousser le concept encore plus loin pour développer le sport. Comment? En offrant des forfaits d’héliski aux monts York, Porphyre et Lyall. « En plus de faire davantage de descentes, on peut voir tout le domaine skiable du haut des airs. C’est alors possible de trouver des lignes où il n’y a pas de traces. Ça va permettre de mieux prendre conscience du domaine skiable que l’on a », dit-il. 

Selon M. Molaison, les images qui seront véhiculées par les touristes lors de leurs séjours à Murdochville aideront à faire rayonner le ski hors-piste au Québec. Et qui sait, peut-être favoriser l’aménagement de ski hors-piste dans les montagnes du parc de la Gaspésie?

Éventuellement, il souhaiterait créer un événement autour de ce projet. « On pourrait faire un festival où il y aurait plus d’une centaine de personnes qui profiteraient de l’hélico et découvriraient notre incroyable terrain de jeu. On veut créer un happening », ajoute Guillaume Molaison. Le cout d’une journée d’héliski avec trois repas et l’hébergement s’élève à 675 $ et un minimum 8 personnes est requis.

De plus, un parcours « super naturel », des modules de sauts et des plateformes aériennes seront installés au mont York afin d’augmenter le plaisir dans la poudreuse. « On ne veut pas que les gens soient gênés de faire la distance pour venir nous voir ! »

Hébergement à la vallée Taconique

La vallée Taconique a également multiplié les aménagements pendant la saison morte. Outre des modules de sauts, plusieurs nouveaux sous-bois ont été aménagés pour faciliter l’accès aux adeptes du touring. « Dans le passé, on était plus axé sur le Catski, mais aujourd’hui on veut offrir des défis plus épicés dans d’autres types de conditions », explique Giovanni Mancini. Avec une pente plus forte dans un secteur où la forêt est mature, « c’est un must », selon ce dernier. Grâce à la Coop Accès Chic-Chocs, « nos aménagistes, qui sont des skieurs et des ingénieurs forestiers, ont développé, au fil des ans, une vision qui permet de maximiser la conservation et l’expérience de ski », ajout-t-il.

En plus du refuge au sommet de la montagne, les visiteurs à la vallée Taconique pourront désormais loger dans un nouveau chalet situé à Mont-Saint-Pierre, donnant accès aux multiples coulées naturelles à proximité. « Le chalet est à 10 minutes de tout ce qu’il y a à skier au village. Nos clients pourront donc y aller avec un guide ou de manière autonome. On veut qu’il y en ait pour tous les gouts », conclut Giovanni Mancini.