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  • Île Flowerpot © Shutterstock - Shipfactory

Parc national Fathom Five : la baie Géorgienne vue de l'eau

Dès le lever du soleil, le photographe Ethan Meleg vient me réveiller pour me conduire devant le parc national Fathom Five. Il m’a promis d’assister à l’un des plus beaux spectacles qui soient : le lever de soleil sur la baie Georgienne.

À la barre du jour, la boule de feu émerge de la grande baie. À l’instant où ses rayons éclatent à nous aveugler, le pâle calcaire irradie. L’ombrage des fleurs de rivage se grave sur la roche, alors que la lumière lascive ruisselle sur les murailles en une caresse qui semble les émouvoir. Difficile à battre!

Nous sommes débarqués la veille en traversier sur la pointe de la péninsule Bruce, à Tobermory, en provenance de l’île Manitoulin. Ce pittoresque village de pêcheurs rappelle Tadoussac par son ambiance maritime décontractée, mais aussi parce qu’il est situé aux abords d’un parc marin et d’un parc terrestre, de même qu’à la confluence de deux gigantesques plans d’eau : le lac Huron et la baie Georgienne. C’est d’ailleurs dans les eaux du premier parc marin national au Canada, Fathom Five, que nous posons les kayaks à l’eau dès notre arrivée pour vivre une expérience unique.

Avant de passer le magnifique phare de Big Tub, dont la construction remonte à 1885, nous « survolons » une épave au beau milieu du havre. Il s’agit du Sweepstakes, une goélette à deux mats de plus de 37 mètres de longueur construite en 1867, et dont la coque gît sous à peine deux mètres d’eau. Le City of Grand Rapids, un vapeur qui naviguait sur le lac Huron, a pour sa part brûlé à quai, en 1907. On les admire tous les deux en parfaite transparence dans les eaux froides et translucides de la baie Georgienne.

Épave © Image Ontario

Lieu d’histoire

Little Tub Harbour, l’un de deux ports naturels de Tobermory, a d’abord servi au transbordement sur les goélettes des troncs de pins blancs équarris qui étaient coupés au début du XXe siècle, dans les forêts denses de la péninsule Bruce. Une fois la ressource épuisée, le petit bassin s’est tourné vers la pêche commerciale. Ses hangars ont abrité la glace et les filets ainsi que les prises de truite de lac et de corégone, exploitées jusque dans les années 1950.

Aujourd’hui, les fameux bateaux de pêche des Grands Lacs, les « dos de tortue », rapportent encore le poisson frais, qu’on peut acheter sur les quais ou manger en fish and chips au casse-croûte du port.

Fathom Five, la « capitale des épaves au Canada », jouit aussi d’une immense réputation auprès des amateurs de plongée sous-marine, qui, dans des eaux limpides, peuvent admirer des formations géologiques exceptionnelles aux côtés d’une vingtaine d’épaves historiques, le tout dans des conditions de sécurité optimales.

Plongée sous-marine © Shutterstock- Aivoges

La plupart d’entre elles reposent en eau peu profonde, parfois à seulement quelques mètres de la surface, depuis la fin du XIXe siècle. Leur état de conservation varie beaucoup, mais l’histoire de chacune est d’autant plus fascinante qu’elle s’avère bien documentée par le parc.

Sur l’eau

Si on peut découvrir le territoire marin du parc en kayak de mer ou en plongée bouteille, d’autres le font à bord d’un des bateaux ancrés à Tobermory. Le Great Blue Heron, une embarcation à fond de verre, permet ainsi d’observer les épaves, les monolithes de l’île Flowerpot, ainsi que les charmes de la vingtaine d’îles avoisinantes.

Le point fort d’une visite du parc Fathom Five demeure justement l’approche et le débarquement sur l’île Flowerpot. Ce milieu naturel partage plusieurs points communs avec les îles de l’archipel de Mingan. Sa formation géologique calcaire date exactement de la même période que l’ensemble de Minganie et Anticosti, soit environ 425 millions d’années. Le sol y est également incrusté de fossiles. La forêt dense, absolument fabuleuse quand on y déambule, est surtout composée de thuyas, dont un qui date de près de 2000 ans.

Plus à l’ouest, en défilant au large du superbe phare de l’île Cove — en activité de 1858 à 1991 —, on passe notamment devant les deux piliers érodés qui sont devenus les vedettes du pa rc. Deux monolithes à la base solidifiée de briques dans le passé, qui tiennent compagnie à un phare historique et à une dentelle géologique. Le bateau fait escale sur l’île Flowerpot, où les passagers peuvent faire une rando sur un sentier en boucle, pique-niquer, se baigner et… revenir sur une navette, avant d’explorer le reste du parc ou son voisin immédiat.

Bruce, pendant naturel et terrestre

Le frère siamois du parc marin, le parc national de la Péninsule-Bruce, est une autre véritable splendeur. D’une superficie de 136 km², il couvre une grande partie de la pointe nord de la péninsule, sur la baie Georgienne et le lac Huron. Depuis 1990, il est situé à l’extrémité nord de la réserve mondiale de la biosphère de l’escarpement du Niagara, telle que décrétée par l’UNESCO.

Parc-marin-national-Fathom-Five © Parcs-Canada - Robin-Andrew

On y trouve un terrain de camping à un jet de pierre d’un splendide sentier de randonnée pédestre — le tronçon de tête du fameux sentier Bruce, en fait, qui s’étire sur 782 km entre Tobermory et les chutes Niagara. Plusieurs autres boucles ou circuits s’y rattachent avec, sur la côte calcaire, des résurgences dans lesquelles on se glisse jusqu’à des cavernes envahies par les vagues.


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Les sentiers font traverser des boisés extraordinaires et côtoyer des phénomènes inusités, dont un lac qui est littéralement aspiré sous terre après la pluie. Les oiseaux sont partout présents, et on s’émerveille devant l’une des plus fortes concentrations d’orchidées au pays. En outre, l’œil vif repérera entre les pierres le massasauga, seul serpent venimeux de l’Ontario. Mais le parc est davantage connu pour la Grotto, une ravissante caverne côtière… où on ne trouve aucune vipère.


À faire dans le parc

Plongée sous-marine, kayak de mer, randonnée pédestre, croisière.

Six emplacements de camping rustique sont offerts sur l’île Flowerpot, accessible en bateau ou en kayak.

pc.gc.ca/fr/amnc-nmca/on/fathomfive

pc.gc.ca/fr/pn-np/on/bruce

tobermory.org


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