Fervents de plein air, nous sommes d'irréductibles Gaulois!
Le plein air est en progression? Soit. Mais les adeptes de vélo, de randonnée et autres activités-nature demeurent et demeureront longtemps encore d’irréductibles Gaulois. Parce que les valeurs privilégiées par notre société sont follement tournées vers la consommation et le statut social, lequel passe souvent par le luxe de sa bagnole. Alors, fervents de plein air, « ce n’est qu’un début, le combat continue »!
Le plein air progresse, les preuves sont irréfutables. Une chaîne comme Sports Experts a lancé une bannière plein air, Mountain Coop s’est installée au Québec, les pubs de véhicules automobiles s’associant à une image aventurière se multiplient, la revue Espaces frôle souvent la centaine de pages, alors que toutes les tentatives de mise en marché de magazines sur le hockey achoppent. Bref, on se réjouit de tout cela.
Misérable cycliste
Mais il demeure que les valeurs de notre société sont dangereusement ailleurs. Voyez l’importance de l’automobile, témoin essentiel de notre réussite. Je me rends au travail à vélo, hiver comme été. Sur les coins de rue, je n’ai jamais senti un regard se porter sur moi qui semblait vouloir dire : « Bravo, tu fais ta part pour l’environnement, tu prends soin de ta santé physique et mentale. » J’ai souvent observé des regards envieux se porter sur un véhicule, un puissant pick-up ou un Hummer, et j’ai aussi senti des regards hautains parce que le misérable que je suis arrivait à vélo dans le stationnement intérieur du centre Bell pour couvrir ses matches des Glorieux, plutôt que comme tout le monde, en voiture luxueuse.
Par ailleurs, les grands quotidiens consacrent chaque semaine des pages à nos brillants hommes d’affaires, mais quand le font-ils pour les responsables de Greenpeace ou d’Équiterre? Plus le milieu du plein air va prendre de l’expansion, plus les environnementalistes et les écologistes seront considérés. Peut-être. Je dis bien peut-être. Parce qu’il ne faut pas oublier certaines réalités.
On apprenait récemment que la moitié des écoles de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et un grand nombre des institutions lavalloises ont aboli l’une des deux récréations pour nos jeunes. La raison? Une perte de temps. L’une des deux récréations de la journée se déroule donc à l’intérieur. Si ce n’est pas à l’école qu’on nous apprend l’importance de la santé par l’activité physique, des pauses bienfaitrices, ce sera où?
L’an dernier, je venais de présenter une conférence dans une école secondaire où je présentais le vidéo de l’aventure vécue avec 46 autres Québécois au Népal et aux abords de l’Everest. J’expliquais qu’à l’image des Népalais d’aujourd’hui, dans mon enfance, on jouait tous dehors, peu importe le froid, sans vêtements high tech. La conférence terminée, je reste à dîner avec les profs. À trois reprises, on demande le directeur au téléphone. Ce sont des parents qui appellent pour s’assurer qu’en cette froide journée, on ne laisse pas les enfants jouer dehors à la récréation!
Génération obèse
Amis Gaulois, ne soyons donc pas surpris de la triste réalité. Un jeune sur 5, âgé de 6 à 16 ans, au Québec, est obèse. Pas à Tombouctou, mais ici au Québec! Pensez-vous que cette génération constitue un public cible pour bâtir une relève pour le merveilleux monde du plein air? Que non! Alors, on va se fier à la génération actuelle? Ah oui… Il y a 4 millions d’Américains qui font osciller la balance à plus de 300 livres, au-delà de 400 000 individus pèsent 400 livres ou plus, une femme sur 6 traîne 200 livres ou davantage.
Aux États-Unis encore, on dénombre deux fois plus de centres commerciaux que d’écoles secondaires. Les Américains passent 6 heures par semaine à faire des emplettes et seulement 40 minutes à jouer avec leurs enfants. Ici, on subit des embouteillages sur les autoroutes les week-ends à Saint-Eustache, Bromont et Saint-Sauveur. On les doit aux marchés aux puces et aux entrepôts de liquidation.
Dans Le Soleil et La Presse de mai dernier, on nous apprenait que les Canadiens renoncent à trois jours de congé chaque année. Au total, c’est plus de 40 millions de journées qui sont remises aux employeurs annuellement. Marie-Claude Lamarche, psychologue spécialisée en santé psychologique au travail, faisait valoir que les Canadiens ont tendance à privilégier la productivité au détriment de l’équilibre travail-famille.
Désolé, je ne voulais pas vous décourager avec cette pluie de statistiques et de tristes réalités. En fait, je voulais surtout vous encourager à persévérer, vous féliciter de prendre soin de vous, vous inciter à continuer à profiter de notre belle province, notre belle planète. C’est à vous de propager la bonne nouvelle, les bonheurs de la vie en plein air. Comme disait Félix Leclerc : « La vie de quelques-uns sert de rêve à des millions d’autres. » N’oubliez pas : vous êtes – nous sommes — des Gaulois qui résistent à l’envahisseur.
Sur les ondes de TQS et dans les colonnes de plusieurs journaux, il répand la bonne parole du plein air depuis des années. Yvan Martineau, qui se décrit comme un « fou de sport de plein air, mais avant tout amoureux de nature, de contact humain… », est surtout, 365 jours par année, un cycliste envers et contre tout. Par souci environnemental, il a quitté la banlieue pour pouvoir voyager à vélo, qu’on l’envoie en assignation à Montréal, Sorel ou… Shawinigan. Entre autres « folies », il a parcouru la piste du P’tit train du Nord, 200 kilomètres d’un trait, de Mont-Laurier à Saint-Jérôme… de nuit, à la lampe frontale! Producteur et animateur de plusieurs émissions, telle « 47 Québécois vers l’Everest », il a reçu plusieurs prix récompensant son travail.