Camps de vacances : éveiller les aventuriers de demain
Au Québec, on trouve une dizaine de camps de vacances pour jeunes spécialisés en expéditions. Les campeurs y vivent souvent leur première expérience de trekking, de canot-camping et même de vélo-camping. Une initiation à la nature, fondatrice pour leur vie de futur amateur de plein air.
Au camp Tekakwitha, un camp de vacances francophone niché au bord d'un immense lac sauvage du Maine, aux États-Unis, les jeunes commencent dès huit ans leur initiation au camping et à la randonnée. Le but est de les préparer à une expédition sur la piste des Appalaches, l'un des plus vieux sentiers de montagne en Amérique du Nord.
Ils acquièrent les compétences nécessaires à marcher sur de plus ou moins longues distances, en fonction de leur âge, jusqu’à parcourir de 120 à 250 km, en 8 à 17 jours, encadré par des accompagnateurs certifiés, lorsqu’ils atteignent l’âge de 14 à 17 ans.
Au fil des étés, ils apprennent à bien choisir leur matériel d’expédition, à remplir leur sac adéquatement, à s’habiller en fonction de la température et à se repérer dans la nature. Ils apprennent aussi à respecter leur environnement et à ne pas laisser de traces, ainsi qu’à utiliser les bonnes techniques pour se déplacer en rivière ou en montagne.
« Les plus jeunes voient les Pionniers (les 14-17 ans) partir et ils anticipent le moment où ça sera leur tour », remarque Guy Bourassa, le directeur général de Tekakwitha.« Le plus gros défi, ça reste eux-mêmes ». Pour ces adolescents, partir deux semaines en groupe constitue un défi physique, mais aussi mental. « On voit les jeunes grandir, se développer en expédition. C’est souvent leur moment préféré, même s'ils sont un peu nerveux au début », souligne Valérie Jolicoeur, qui a été campeuse et monitrice au camp Minogami. Là-bas, c’est au canot-camping que se frottent les participants chaque année.
Franchir la clôture
© Camp Tekakwitha
D’un été à l’autre, un grand nombre de jeunes reviennent au camp (81% pour le camp Tekakwitha par exemple), pour ensuite parfois même devenir assistants-moniteurs et finalement animer leur propre groupe. Et en attendant la saison bénie, tout ce qu’ils ont à la bouche, c’est le camp.
« C’est difficile à comprendre sans l’avoir vécu tellement c’est intense; tu grandis énormément durant une expédition », constate Sarah-Jeanne Giroux, qui a été monitrice au camp Kéno. En plus des expériences vécues et des aptitudes acquises, les jeunes gagnent en fierté et en confiance en eux. « Au camp, il n’y a pas d’étiquettes, tu peux être qui tu veux et même te réinventer », ajoute son ancien collègue Guillaume Moreau.
Les liens qui se créent entre les aventuriers sont extrêmement forts. « Au retour des expéditions, on a toujours le blues pendant quelques jours, confie Valérie Jolicoeur. C’est difficile, mais on sait qu’on reviendra l’an prochain. »
En faire une carrière
© Camp Tekakwitha
Pour devenir moniteur d’expédition, plusieurs formations sont requises : secourisme et gestion du risque en régions éloignées, techniques de canot en eau vive. Plusieurs moniteurs choisissent de poursuivre leurs études dans le domaine du plein air, avec notamment l’AEC de guide en tourisme d’aventure du Cégep de Saint-Laurent ou la technique en tourisme d’aventure du Cégep de la Gaspésie et des Îles.
Plusieurs décident aussi de partir en expédition par eux-mêmes. En 2015, Valérie a ainsi participé aux Chemins de l’or bleu, une expédition de 6 mois pour parcourir 7000 km de rivières. Guillaume et Sarah-Jeanne ont fait partie de l’expédition AKOR, qui consistait, au moment de l'entrevue, à trois mois de nature sauvage avec volet scientifique pendant l'été 2018.
Partir ainsi requiert non seulement des connaissances pointues et une expérience du terrain, mais aussi une force de caractère typique des campeurs seniors. Les camps de vacances enseignent comment avironner, portager un canot et cuisiner sur le feu, mais ils développent surtout l’esprit d’équipe, la débrouillardise et la maîtrise de soi. Le seul danger, c'est de ne plus être capable de décrocher !
Du camp de vacances à l'expédition !
© Camp Tekakwitha
Une dizaine des 99 camps de vacances certifiés par l’Association des camps du Québec se spécialisent en expéditions. En voici quelques-uns.
Base de plein air Air Eau Bois
Situé en Outaouais, il propose des séjours de 6 à 27 jours pour les 7-17 ans. Expéditions : canot-camping et kayak-camping incluant de l’escalade en paroi naturelle.
Camp Quatre Saisons
Dans la région des Laurentides, ce camp offre des séjours de 5 à 26 nuitées pour les 8-17 ans. Expéditions : canot-camping et vélo-camping. Le programme Coureur des bois vise l’acquisition d’une autonomie complète en expédition.
Camp Minogami
En Mauricie, ce camp pour les 7-19 ans propose des séjours de 5 à 37 nuits. Expéditions : canot-camping, dont l’ultime rivière Broadback.
Camp Tekakwitha
Camp francophone situé dans le Maine propose des séjours de 13 à 27 jours pour les 8-17 ans. Expéditions : randonnée-camping sur l’Appalachian Trail.
Camp Kéno
Près de Québec et ouvert au 4-20 ans, ce camp axé sur le plein air propose des séjours de 3 à 34 jours. Expéditions : vélo-camping, canot-camping dont l’ultime rivière Moisie.