Vélo : ça roule aussi en hiver !
Le ski, les raquettes et le ski de fond sont généralement les activités les plus pratiquées pendant la saison hivernale, au grand dam des cyclistes, obligés d’attendre des jours plus chauds pour sortir leur vélo du garage. Tous ? Non, une poignée d’irréductibles continuent à rouler l’hiver, bravant le froid, la neige et le verglas. Une communauté de mordus de la bicyclette qui s’agrandit d’année en année. ENvironnement JEUnesse, via le programme 2 roues, 4 saisons et l’Action citoyenne à vélo, organise ainsi chaque année, depuis 11 ans, plusieurs rassemblements pour mobiliser et faire connaître au grand public, les possibilités du vélo 4 saisons. Entrevue avec Christian Desalliers, coordonateur de l’événement à Québec.
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L’Action citoyenne à vélo organise chaque année, en février, des rassemblements de cyclistes dans plusieurs villes au Québec. Quel est en le but ?
L’objectif d’Action citoyenne à vélo est de promouvoir l’activité vélo au quotidien, en toutes saisons et surtout l’hiver, période plus creuse. Cela se fait grâce à plusieurs événements dans plusieurs villes de la province. À Québec, on organise un relais 24 heures. L’équipe de Montréal a parcouru 180 kilomètres en 2 jours. À Sherbrooke, à Rimouski, au Saguenay, les cyclistes ont aussi réalisé des boucles, jusqu’à 200 kilomètres pour certains. Montrer que rouler en hiver, c’est tout à fait possible, à toute heure, en tout temps, pour peut que l’on soit équipé en conséquence.
Le vélo d’hiver est-il en train de se faire une place dans les loisirs hivernaux ?
Cela fait maintenant 4 ans que je pratique le vélo en hiver et je constate une augmentation significative d’année en année. Des études montrent qu’à Montréal, dans le réseau blanc, le nombre de cyclistes a quintuplé entre 2008 et 2011 (ndr : 50 000 à Montréal, 70 000 à Québec). Vélo Québec a comptabilisé, entre le 15 novembre 2009 et le 31 mars 2010, près de 100 000 passages en seul lieu, sur Maisonneuve/Peel.
« Personne n’est le roi de la route. Ni les autos, ni les vélos »
Selon vous, comment s’explique ce développement ?
Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : le climat a été très favorable, avec des températures douces pour la saison. Le fait de promouvoir le vélo toute saison, d’en voir aussi en hiver donne l’envie aux gens de s’y mettre aussi. J’ai moi-même commencé en m’impliquant dans l’Action citoyenne à vélo. Cela m’a permis de démystifier la pratique hivernale. Enfin, la dernière raison est celle des infrastructures : plus les pistes sont déneigées, plus les cyclistes vont les utiliser. À Montréal et à Québec, il en existe plusieurs qui sont rendues accessibles en hiver.
Comment jugez-vous l’action des pouvoirs publics ?
Disons que c’est un début, mais il reste encore beaucoup à faire. Les municipalités doivent faire l’effort de rendre accessibles les aménagements cyclistes, même en hiver. Ce n’est pas encore le cas. Il faut davantage sensibiliser les hommes et femmes politiques du Québec là-dessus.
Que répondez-vous à ceux qui disent que le vélo d’hiver est dangereux et ralenti la circulation ?
Le vélo d’hiver n’est pas dangereux en soi. En tan que cycliste, il faut être simplement conscient de l’existence de risques. Il convient d’adapter son trajet en fonction du trafic, pour éviter tout éventuel conflit avec les automobilistes et ne pas nuire à la circulation, donc emprunter des rues moins empruntées par les voitures. Tout le monde, auto comme vélo, été comme hiver, doit être attentif à sa sécurité et à celle des autres. À Québec, J’entends certaines radios qui encouragent les automobilistes à klaxonner ou tasser les cyclistes. C’est malheureux ! Il faut trouver un juste équilibre, un partage harmonieux, car personne n’est le roi de la route. Ni l’auto, ni le vélo.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut pratiquer le vélo l’hiver ?
En premier d’adapter sa conduite les conditions de la chaussée : rouler plus lentement si c’est verglacé, être plus vigilant en cas de chute de neige. Au fond, cela revient à suivre les mêmes conseils que pour les automobilistes. Il faut aussi adapter l’équipement de son vélo, avec par exemple des garde-boues pour se protéger de la slush. Il ne faut pas hésiter à aller dans les Coop ou dans les ateliers pour avoir accès à de l’expertise mécanique. ENvironnement JEUnesse a mis en place un site internet, 2roues4saisons.org, très bien fait, pour aider les gens à apprivoiser le vélo d’hiver. Enfin, il faut aussi bien s’équiper au niveau des vêtements. L’hiver, on a souvent plus chaud que froid, car on s’habille mal. Il est nécessaire d’adapter sa tenue pour ne pas avoir trop transpiré.