La Nouvelle-Angleterre en trois temps
Que trouve l’urbain lorsqu’il tente de troquer le béton et le bitume pour l’écorce et le sable blond? D’autres urbains qui cherchent la même chose! Mais en Nouvelle-Angleterre ou dans l’État de New York, il est encore possible de trouver des endroits où une relative solitude fait écho à une nature presque intacte.
1 jour - Mont Catamount (New York)
Sentinelle de l’un des sentiers les plus excitants des Adirondacks, la fameuse cheminée du mont Catamount apparaît en air et en roc au moment où on s’y attend le moins. Premier réflexe : sortir son appareil photo, avant d’entreprendre avec soin l’ascension de cette montagne. Vient alors une bonne heure de bonheur sur un sentier exposé, peu balisé, exigeant, mais exaltant. Il faut se servir de ses mains pour se hisser, de la friction des semelles pour se tracter et de son sens de l’observation pour se repérer. Plus on progresse, plus l’horizon s’étire jusqu’à ce qu’on atteigne le sommet partiellement dénudé, mais assez vaste pour qu’on puisse y trouver un perchoir juste pour soi. De là-haut, le regard rebondit sur l’imposant mont Whiteface, survole les champs avoisinants, puis plonge dans le lac Union Falls. C’est la randonnée idéale pour une dose rapide d’adrénaline.
Niveau : Aller-retour court, mais difficile de 6 km.
Accès: Route 87 sortie 34, puis à gauche sur la route 9N jusqu'à Ausable Forks. À droite sur Main St. (à la station service Stewarts), à gauche sur Silver Lake Rd. Après une douzaine de minutes, tournez à gauche sur Nelson Rd. avant de prendre Forestdale Rd. un peu plus loin sur votre gauche. Le stationnement est à 7,8 km de l’intersection, côté nord, et est indiqué par des marques de peinture rouge sur les arbres.
Infos : L’achat du guide High Peaks Trails and Map Pack, de l’Adirondack Mountain Club (14e édition) est recommandé.
3 jours - Gulf Hagas (Maine)
Si le mont Katahdin est le joyau du Maine et le parc Baxter la couronne sur laquelle il est serti, le Gulf Hagas en est le trésor caché. Ce dernier est un parc, mais aussi un profond canyon creusé par la Pleasant River en plein cœur du « 100 Mile Wilderness », vaste région sauvage et inhabitée du Maine. Accessible par une route forestière, le parc offre plusieurs emplacements de camping semi-aménagés, la plupartsitués sur la rive de la Pleasant. Les tarifs d’entrée et de camping sont plutôt élevés, mais le sentiment de réclusion et la beauté du canyon en valent le coût. En prime, un concert de grenouilles égayera à coup sûr la soirée près du feu.
Pour accéder rapidement au canyon, il faut d’abord emprunter une partie du Sentier des Appalaches et franchir la rivière Pleasant à gué sur une distance de 50 mètres. L’eau monte facilement jusqu’aux cuisses : mieux vaut apporter des sandales et éviter les périodes orageuses. Le véritable plaisir commence un peu plus loin, sur le Rim Trail. Sur près de quatre kilomètres, on longe puis surplombe la rivière devenue tumultueuse et coincée entre deux hautes parois. De nombreux sentiers secondaires conduisent à de multiples points de vue spectaculaires et parfois exposés sur des cascades cacophoniques et des remous inquiétants. La rivière Pleasant révèle ici un trait de sa personnalité que n’indique décidément pas son nom!
Niveau: Si le niveau d’eau est bas, l’aller-retour de 12 km à partir de la route forestière est plutôt difficile. Il est possible d’éviter la traversée de la rivière Pleasant moyennant une plus longue approche, présentée en détail dans le Maine Mountain Guide.
Accès: Des douanes situées au bout de la 73 Sud (en passant par Saint-Georges en Beauce), suivez la route 201, puis la 15, poursuivez sur la 6 et enfin sur la 11 Nord jusqu’à 7,8 km passé Brownville JCT, où l’on prend une route de gravier sur notre gauche (panneau Katahdin Iron Works Road). La guérite est à 11 km sur ce chemin (200 km au total depuis la frontière). La circulation dans le parc étant complexe, demandez des infos à la guérite.
Frais + hébergement: 15 $/personne/jour. 15$/personne/jour additionnels pour le camping, donc pour deux nuits, comptez 90 $US pour deux personnes. On trouve quelques motels dans la ville de Dover-Foxcroft.
Infos : L’achat du Maine Atlas and Gazeteer de Delorme est très fortement suggéré. Autre achat impératif : le Maine Mountain Guide, de l’AMC (la 10e édition inclut une carte des sentiers).
Site internet : northmainewoods.org/ki-jo-mary/gulfhagas.html
1 SEMAINE - DRY RIVER ET WILD RIVER WILDERNESS (NEW HAMPSHIRE)
Même en haute saison, on peut camper et arpenter en toute quiétude les populaires montagnes Blanches. Il suffit de combiner deux expéditions au cœur même du parc.
Jours 1 à 3 : le Dry River Wilderness
La Dry River, cours d’eau tumultueux au nom antithétique, dévale le cirque glaciaire qui orne le flanc sud du mont Washington, traverse avec fracas une étroite vallée encaissée entre deux chaînes de montagnes, puis se jette dans la rivière Saco. Le sentier éponyme qui le longe permet au randonneur d’accéder à l’un des endroits les plus reculés et sauvages des montagnes Blanches. En y installant un camp de base, on peut parcourir sans se presser la splendide crête qui le couronne. Quelques sites de camping, marqués par un discret panneau brun (soyez vigilants!) sont répartis le long du sentier. L’emplacement le plus stratégique est celui situé tout juste après la traversée de la Dry River sur le sentier Mt. Eisenhower (8,4 km du stationnement).
Le deuxième jour, une boucle conduit d’abord, moyennant un court détour, sur le bien nommé mont Isolation : un petit îlot de roc formidablement bien placé qui surplombe une mer de verdure. Plus loin, près de l’épaule du mont Washington, l’une des plus belles marches en zone alpine du nord-est commence. En empruntant les sentiers Davis, Camel, Crawford et Mt. Eisenhower, ce trajet en forme d’arc surplombe la mystérieuse Dry River Wilderness et permet une balade de plusieurs heures dans un champ alpin rocailleux et fleuri. Le panorama s’étire à l’infini et fait oublier les autres randonneurs qui sillonnent la crête. Puis vient le moment le plus jouissif : on salue les hordes pour replonger dans le silence parfumé et enveloppant de la Dry River Wilderness.
Jours 4 à 6 : le Wild River Wilderness
En troquant « Dry » pour « Wild », l’exploration continue, cette fois-ci dans la deuxième plus vaste étendue dépourvue de routes de la Nouvelle-Angleterre. Les options pour y dormir sont nombreuses : on peut établir son camp de base près de la voiture (au Wild River Campground, un joli camping privé près du départ de la boucle) ou raccourcir le trajet en s’appropriant l’un des nombreux emplacements, désignés ou non, éparpillés le long des rivières Wild ou Moriah. Le deuxième jour, un parcours difficile mais gratifiant permet de parcourir la crête du Carter Range, qui offre de nombreux points de vue impressionnants sur la chaîne présidentielle, particulièrement du haut du mont Hight. En empruntant le moussu sentier Black Angel, le scénique Carter-Moriah et le rugueux Moriah Brook, on complétera une boucle digne d’un épisode de Survivor.
Niveau :
- Dry River :Total de 34 km (41 km si l’on ajoute les monts Isolation et Eisenhower). Niveau difficile. Départ sur la route 302, 4 km au sud du Willey House.
- Wild River : Total d’au moins 32 km, selon l’endroit choisi pour monter le camp de base. Niveau très difficile.
Accès : Départ au Wild River Campground (8 km de la route 113, soit 5 km au sud de Gilead, ME).
Hébergement : Si les emplacements de camping désignés sont tous pris, on peut s’installer n’importe où (sauf en zone alpine), en respectant une distance d’au moins 200 pieds (60 m) du sentier.
Infos : Achats suggérés : les guides AMC’s Best Backpacking in New England et White Mountain Guide (28e édition), de l’Appalachian Mountain Club.
